Sommes-nous faits pour la course à pied ?

Article traduit du blog de Mark Sisson Mark’s Daily Apple, avec son aimable autorisation.

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Did humans evolve to be long distance runners

De nombreux lecteurs m’avaient interpelé au sujet de l’article paru dans le magazine SEED qui remettait au goût du jour la théorie selon laquelle les humains sont faits pour courir sur de longues distances. La plupart d’entre vous sait déjà que je ne suis absolument pas d’accord avec cette théorie.

Mon avis est que l’être humain est très doué pour se déplacer de façon lente (marcher, migrer, fouiller, ramper, etc.) tout en brulant principalement des graisses. Nous sommes également d’assez bons sprinters, mais nous ne sommes pas faits pour courir sur de longues distances. Bien entendu, les premiers hommes étaient en très bonne condition physique et étaient ainsi capables de courir sur de longues distances de façon occasionnelle pour attraper un animal, mais de là à penser que la sélection naturelle nous a prédisposés à courir le marathon de Boston, c’est grotesque.

Le sujet avait déjà été évoqué il y a quelques années, lorsque le Magazine Men’s Health avait cité le Dr. Daniel Lieberman, qui défend l’hypothèse selon laquelle les premiers hommes couraient après un animal pendant 5 à 15 kilomètres jusqu’à ce que ce dernier meurt de chaleur ou de crise cardiaque. C’est ce que l’on appelle la « chasse à l’épuisement ». Je trouve que cette idée – selon laquelle l’homme aurait évolué en grand coureur de fond » – est problématique à plusieurs égards.

Tout d’abord, certains fossiles laissent à penser que les humains étaient charognards jusqu’à ce qu’ils commencent à utiliser des armes il y a quelques centaines de milliers d’années. De plus, pas besoin de courir sur de longues distances lorsque vous pouvez marcher, vous cacher, grimper, sprinter et ramper pour piéger un animal. Traquer un animal en marchant, en courant ou sprintant occasionnellement est une activité qui consomme principalement des graisses et c’est très certainement de cette façon que nos ancêtres chassaient. Par contre, une fois que vous devez passer en mode glucose/glycogène pour courir intensément sur de longues distances, c’est une toute autre histoire et nous avons là un gros problème. Se retrouver à court de glycogène en chassant une bête pendant trop longtemps, en pleine chaleur, ne peut que vous épuiser. Si vous avez assez de chance pour attraper cette bête vous pourrez au moins manger (des protéines et des graisses qui ne rempliront pas complètement vos stocks de glycogène). Par contre, vous ne serez plus en mesure de vous protéger et serez bien plus vulnérable et susceptible de servir de diner à une autre bête à cause de votre fatigue et de votre manque de glycogène. Cette théorie n’a pas de sens.

Revenons à Lieberman et à sa dernière étude publiée dans la revue The Journal of Experimental Biology (extrait) dans laquelle il compare les forces mécaniques dans les pieds et le « coût mécanique » pour générer ces forces et dans laquelle il arrive à la conclusion suivante : « Le coût mécanique croissant associé à la longueur des orteils indique que les proportions de l’avant du pied chez l’homme sont adaptées à la course de longue durée. »

En résumé, selon lui, les hommes ont pu être préservés parce qu’ils ont des orteils courts. Cette théorie implique que le besoin en énergie à peine plus élevé avec des orteils longs pourrait à lui seul expliquer pourquoi l’homme ne pourrait pas survire avec des orteils plus longs. Hummm. Je n’adhère pas et je suis surpris que le Journal of Experimental Biology y ait adhéré.

Ce que je retiens par contre de cette étude, c’est qu’il n’y a pas de différence entre orteils courts et orteils longs en ce qui concerne la marche. Cela va dans le sens de ce que je dis : nous sommes faits pour être de bons marcheurs, qui peuvent sprinter de temps à autres si besoin ou courir plus longtemps de façon occasionnelle.

D’autre part, si les hommes étaient ceux qui chassaient le plus, comment expliquer que les femmes soient au moins aussi douées pour la course de longue durée que les hommes ?

Les défenseurs de la théorie de la coure d’endurance (ER, Endurance Running) citent toujours les Tarahumara pour appuyer le fait que la génétique nous prédispose à la course de longue distance. Cette tribu indigène du Mexique est connue pour ça grande capacité à courir sur de longues distances (80 à 130 kilomètres par jour) et pour sa pratique de la chasse à l’épuisement au cours de laquelle ils poursuivent leurs proies jusqu’à ce qu’elles soient épuisées et qu’il puisent marcher jusqu’à elles et les tuer. Cepdendant, certains chercheurs mettent en avant le fait que l’endurance des Tarahumara relève plus de l’adaptation culturelle (pas de véhicules, pas de téléphones, pas de courrier), de l’entrainement et de l’alimentation que de l’hérédité. Les glucides lents représentent 80% de leur alimentation (céréales et légumineuses). Cela revient à ma première remarque : nous ne sommes pas faits pour être des coureurs de longue distance. (Note de MHB : puisqu’à l’origine l’alimentation des hommes ne contenait que très peu de glucides)

Jusqu’à ce que nous ayons accès à des quantités conséquentes de glucides par le biais de l’agriculture, la pratique régulière de course de longue durée (cardio-training chronique) aurait été une façon naturelle de s’auto-détruire.

Le fait de consommer des céréales chaque jour et à chaque repas permet, certes, de remplir les stocks de glycogène afin de pouvoir recommencer la même chose le lendemain. Mais, pourquoi faire ?

De la même façon, la plupart des chercheurs sont d’accord pour dire que nous ne sommes pas faits pour nager. Nous avons appris à le faire pour nous en sortir dans l’eau sans nous noyer et nous nous en sortons assez bien pour des mammifères terrestres. Mais cela ne fait pas de la nage quelque chose de naturel. De la même façon, nous avons appris à courir des marathons à partir du moment ou nous avons eu le luxe d’accéder à de grandes quantités de glucides. Cela n’en fait pas quelque chose de naturel pour autant.

Un dernier point concerne l’idée selon laquelle la large taille des muscles glutéaux (fessiers) chez l’humain irait dans le sens de la théorie de l’ER. Ma réponse est que le bi-pédalisme implique que la position de repos par défaut soit le squat. L’amplitude de mouvement et la force requises pour maintenir cette position nécessitent que ces muscles ainsi que les ischios-jambiers soient forts et dveloppés. N’allez pas chercher plus loin que dans la salle de sport la plus proche et voyez comment les gens entrainent ces muscles : squats, lunges, deadlifts, etc.

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Ajout Fit Sister

Vous vous demandez peut-être ce que vous devez faire des conclusions de cet article. Après tout, que l’on soit fait ou pas pour la course à pied, une fois que l’on a appris à la pratiquer, c’est ce qui compte, n’est-ce pas ? Pas tout à fait. On ne vous demande évidemment pas de copier bêtement toutes les habitudes des premiers hommes. Cependant, cet article est à lier aux méfaits du cardio-training de longue durée pratiqué de façon chronique : montée des niveaux de cortisol (hormones du stress et de la graisse ), inflammation, dépression du système immunitaire, dérèglements hormonaux, baisse de moral, baisse d’énergie, résistance à la perte de graisse, diminution de la masse musculaire, voire parfois risques cardio-vasculaires si pratiquée de façon excessive, pour ne citer que les principaux. Pourtant le but d’une pratique sportive n’est pas de vous épuiser et de nuire à votre santé.

Je ne suis pas en train de vous dire de ne plus jamais courir ou d’abandonner les sports qui reposent sur l’endurance de longue durée (enfin… si j’osais… non, j’ai rien dit) mais simplement de réfléchir à l’impact que peut avoir votre routine sportive sur votre santé. Peut-être que vous aurez envie de repenser votre routine, sans complètement éliminer la cardio longue durée mais en modifiant la fréquence à laquelle vous la pratiquez et en privilégiant des activités plus bénéfiques (sprints, musculation, pliométrie, marche lente, jeux…)

L’Homme s’est écarté de ce qui lui fait du bien aussi bien au niveau de l’alimentation que de la pratique sportive. De la même façon que les graisses saturées ne sont pas le grand méchant loup, la course à pied n’est pas Blanche-Neige 😉 D’autant plus que ce n’est pas la seule activité qui permette d’améliorer ses capacités cardio-vasculaires.

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